"Résumé" de mes 24h solo
Posté : 11 juil. 2017 10:14
J’ajoute ma pierre à l’édifice, voici comment se sont déroulés les 24h du Mans pour moi, mais…
Par où commencer ?
Peut-être par l’avant-veille de la course ?
Le jeudi soir donc, où je me découvre des courbatures aux ischio-jambiers alors que j’ai bien pris soin de ne pas m’entrainer trop dur dans la semaine précédant l’épreuve…
Courbatures issues de quoi d’ailleurs ? Je ne le saurais jamais, rien de ce que j’ai pu faire dans la semaine n’était susceptible d’en amener, encore moins à cet endroit ! Bref, il va falloir que je fasse avec mais ça part (fait) mal…
Étant inscrit en solo cette année, j’ai préféré choisir l’hôtel plutôt que le camping, ce qui fera le plus grand bien à mes deux accompagnatrices (Véronique et Emma) ainsi qu’à moi-même. J’y passe d’ailleurs une excellente nuit malgré l’appréhension grandissante !
Une fois le petit-déjeuner avalé et la douche prise (la seule du week-end d’ailleurs), il est temps de se diriger tranquillement vers le circuit, il est aux environs de 10h30. Mais c’était sans compter sur un nouveau coup du sort :
la voiture, qui fonctionnait parfaitement jusque-là, cale toute seule quelques secondes après le démarrage…
Et rien n’y fait, on a beau pousser, profiter d’une descente ou quoi ou qu’est-ce, elle cale systématiquement au bout de quelques secondes. Un passant nous aide gentiment à la mettre sur le trottoir puis vient le partage des tâches : l’une s’occupe de contacter l’assurance (il faudra bien rentrer du Mans), l’autre décharge ce qui sera vital à ma course et je m’occupe d’appeler un taxi afin de rejoindre le circuit.
En effet, attendre le dépanneur et son verdict pour savoir si notre déplacement sera pris en compte par l’assurance est relativement risqué, même si les qualifications ne commencent qu’à 14h, il est déjà 11h30 et il faut aussi qu’on déjeune avant la course !
Pendant ce temps, une résidente du coin nous proposera gentiment des pinces crocodiles, mais la batterie étant fonctionnelle et la panne venant d’ailleurs, l’on déclinera poliment.
Sur ces entre-faits, la personne habitant juste en face de l’endroit où est parquée la voiture vient nous voir et, après lui avoir exposée la situation, nous propose gentiment de nous emmener si il y a besoin. Zut, trop tard, le taxi arrive… Merci quand même !
Emma et moi grimpons donc à son bord pour filer au circuit Bugatti pendant que Véronique reste afin de régler tous les détails avec l’assurance, le dépanneur, etc…
Chargés comme des mulets, on rejoint péniblement notre lieu de restauration (la cantine prévue par l’organisation) à midi pile ! Non, j’exagère. On arrivera avant et on patientera un peu avant de manger mais au moins, on est à l’intérieur du circuit. Il est temps de souffler, d’autant plus que nous étions passés la veille retirer le dossard, les accès paddocks et les réservations de repas.
Bien nous en a pris vu l’heure à laquelle nous sommes arrivés ce matin !
13h : l’ouverture de l’accès aux paddocks se fait dans une belle petite cohue, au vu du monde présent, ça se bouscule au portillon. Direction le box n°1 ! On s’installe, peu confortablement, les chaises étant restés dans la voiture…
Et il n’y a plus qu’à attendre 14h et les qualifications qui déterminent la position de départ sur la grille. Même si je cours en solo, je souhaite faire ce 300m dans les règles de l’art. Étant « vitesseux » de base, c’est irrésistible ! Après m’être fait accrocher le dossard dans le dos et avoir mis ma puce, je m’aligne donc sur la première série qui partira. Tant mieux me dis-je, ça me laissera presque deux heures pour souffler avant le départ.
Le sifflet retentit et je m’arrache de l’immobilité comme une brute avec ce patinage « à plat », hérité de la pratique des lames (Short Track). Plus ou moins 35 secondes à pleine vitesse jusqu’à la ligne d’arrivée où le speaker relèvera le passage du « premier bourguignon à franchir la ligne », la concurrence est effectivement restée loin derrière sur ce coup-là !
Je me dirige alors vers mon box, le plus loin de la ligne d’ailleurs, l’esprit tranquille car débarrassé de cette première phase. J’aperçois Véronique, arrivée entre temps, qui finit de ramener et d’installer le matériel manquant. Je m’affale par terre en levant les yeux vers l’écran pour chercher ma « performance » et me rends compte que l’écran est éteint, et que je suis trop petit pour atteindre les boutons…
Je prends mon mal en patience et je squatte un box voisin pour scruter le classement provisoire qui défile : rien n’y fait, j’ai beau attendre et lire deux fois l’intégralité de ce qui défile, je n’y suis pas. Allons bon, qu’est ce qui se passe encore !? Je vais voir les juges (tout de blanc vêtus) afin de savoir la marche à suivre. On m’explique alors que les temps des premières séries n’ont pas été enregistrés et qu’à l’annonce de notre numéro il faudra repasser…
Je bouillonne intérieurement, je n’ai pas envie d’attendre et de repasser trop tardivement car j’aimerais bien que les lactates ne soient plus là lors de mon départ (et il faut 1h30 de récupération passive pour cela). 1007, c’est bon, on m’appelle, et c’est repartit pour un tour !
J’abats ça vite fait, bien fait et je retourne squatter l’écran. Allumé cette fois, mais pas sur le bon canal… Bref, après un long moment et ne me voyant toujours pas (sur l’écran des voisins), je retourne voir les juges en craignant pour ma puce. Ce faisant, je croise le dernier à partir sur 300m, qui n’est autre qu’un ami à moi (Quentin), que je n’avais pas croisé depuis plusieurs mois !
On se salue joyeusement et rapidement puis il part sur sa qualification pendant que j’expose, derechef, mon problème aux juges. Finalement, ma puce fonctionne bien et l’on me signale que je serais 14ème sur la grille avec un temps en 35 secondes et des poussières. Bigre, 10 secondes de plus et on obtient ma performance sur 500m en Short Track…
Ça y est, c’est fait, il ne reste plus qu’à attendre qu’il soit 16h désormais.
A 15h50 je pars m’installer sur la grille et positionne mes patins de l’autre côté de la piste (départ classique oblige). Je discute alors avec Pierrot, coéquipier (et entraineur au club de roller) lors de mes précédentes participations en catégorie prestige (à 10). Je croise également Thibaut (issu du même club de Short Track que moi, mais bien meilleur), ici pour jouer la gagne avec Longchamp Roller en équipe prestige.
Trêves de bavardages, plus que quelques dizaines de secondes… La sirène retentit et la course est lancée ! Étant solo, je prends mon temps pour lacer et expérimente de nouveaux lacets auto-bloquants pour cette épreuve. Ils s’avèrent qu’ils ne bougeront pas d’un millimètre une fois serrés !
Et c’est partit : n’ayant ni cardiofréquencemètre, ni montre (et la flemme de calculer mes temps au tour avec l’horloge du circuit), je me contente de suivre le meilleur rythme possible en patinant debout afin de préserver mon dos (pas encore remis d’une blessure vieille de 3 ans).
Mon staff prends soin de moi et me fournit toute les 90 minutes de quoi manger et boire, un grand merci à elles !
Je fais également en sorte d’être à l’abri du vent en suivant d’autres patineurs ayant un rythme similaire au mien. Mention spéciale au duo homme vainqueur de cette édition (du PUC) qui m’aura drafté pendant de très longues heures. Jusqu’à ce que je fasse une mini-pause (pipi et enfilage d’une sous-couche car il fait froid à partir de minuit ici, brrrr…). Je repars alors (en 2ème position dans ma catégorie) et navigue un peu seul sur quelques tours jusqu’à ce que deux dossards rouges (les solos) me passent devant. J’emboîte immédiatement leurs pas et découvre en discutant avec eux (Igor et Nico) que nous formons un trio avec les trois premiers du classement provisoire (avec déjà un ou deux tours d’écarts ente chacun de nous) !
Je vais rester avec ce groupe pendant deux ou trois heures, les relais s’enchaînent bien même si je les sens un peu frileux dans la descente et qu’ils ne croisent jamais dans les virages (même ceux du « bon » côté). Malheureusement, au bout d’un moment, la douleur au dos tant redoutée se fait sentir et m’impose de lever le pied…
Je quitte alors leur roues et c’est l’équipe entreprise PSA qui va alors se donner comme mission de me drafter pendant ces heures sombres (au propre comme au figuré). Et ça fait du bien. Mine de rien, être solo au Mans reste difficilement racontable, en partie cette particularité qu’on les gens de se couper en quatre pour notre catégorie. Mais il en est un de cette équipe qu’il n’aurait pas fallu couper justement, son incroyable stature avait le don de couper l’intégralité du vent et me permettait de faire certaines lignes droite (faux-plats descendants) sans faire la moindre foulée, c’était grisant !
Cela n’a cependant fait que retarder l’inévitable et vers 3h15, j’ai également lâché ce groupe pour naviguer à nouveau seul. Pas tout à fait seul à vrai dire, puisque la douleur se faisait une joie de m’accompagner et de ne pas me lâcher, elle aussi. Je n’ai même pas pu « m’accrocher » comme il m’a été proposé par un autre patineur me dépassant alors…
Devant l’accroissement grandissant de la douleur et de mes temps au tour (j’ai calculé pour confronter sensations et réalité) j’ai alors arrêté à 4h du matin, endolori.
Après la pose d’un patch anesthésiant dans le dos et un bon sommeil de 3h, j’ai rouvert les yeux pour découvrir le petit matin… Et la pluie (pas le crachin de la veille) ! Ça m’a quelque peu découragé de repartir de suite, n’ayant pas envie de me prendre une gamelle en plus des souffrances déjà présentes. Point positif cependant : pas d’ampoules, pas de douleurs musculaires ou articulaires, rien. Juste l’entésopathie, qui mine mon moral encore plus que la pluie à bien y penser.
Mon staff me pousse alors à repartir dès que possible car j’ai perdu peu de places pendant cette coupure mais je prends la décision de ne repartir que quand ce sera sec pour faire la fin. Car l’ambiance y est unique, sur ce circuit, et je ne raterai ça pour rien au monde.
Du-coup il faut meubler en attendant, je vais donc petit-déjeuner avec mon staff, discute un peu avec mes compagnons de box tels que R’glod et Babass, les pratiquants solo de longboard ou encore celle qui finira 5 ou 6ème solo femme sous le nom "être handicapée, et alors ?" (sourde, muette, avec une scoliose prononcée et le bras gauche atrophié ; mais ce serait réducteur de la définir avec ces termes seuls car c'est également une forcenée au caractère bien trempé qui n'a jamais rien lâché) !
J’en profite aussi pour monter le Dunlop à pied coté spectateur pour montrer à mes accompagnatrices à quel point ça grimpe. Une fois là-haut j’encourage Thibaut (Longchamp) qui passe comme un missile ou encore Fabien et Christophe (RSDB), au rupteur.
Je retourne ensuite passer le temps au box et ne repartirai qu’à 14h, pour les deux dernières heures. Je suis alors 20ème dans ma catégorie.
La route est sèche, il reste deux heures, je sais que je n’ai pas atteint l’objectif fixé et j’envoie tout ce qu’il me reste d’énergie pour me faire plaisir. Je patine vite et bien, en préservant toujours mon dos pour les derniers tours, dépasse Igor (1er solo) et Nico (2ème solo) que je félicite pour leurs performances respectives et encourage à tenir, vais aux nouvelles du duo du PUC lorsque je les dépasse et les félicite également de leur première place. Je reçois moi-même des encouragements de ci de là, et ça me fait du bien. J’en profite également pour rouler avec mon équipe des années précédentes (RSDB ; merci à Guy, Xavier, Justine, Anne…) et ne mettrait le turbo que pour les derniers tours : à partir de 15h45, lorsque les relais ne sont plus permis pour les équipiers.
Une fois les chevaux lâchés, je profite de ces sensations incroyables que peut offrir la vitesse sur ce circuit (surtout en 3x125mm) ainsi que de l’ambiance toujours exceptionnelle une fois 16h atteint, lorsque bon nombre de gens sont aux abord du circuit pour encourager tous ceux qui sont dans leur dernière « ligne droite » !
C’est juste, magique.
Je tiens à remercier ici tout ceux et celles qui m’ont encouragé et soutenu, par la parole, les gestes ou encore par l’intermédiaire du patinage ; que ce soit sur le circuit ou en-dehors.
Je vous aime tous !
Pour les curieux : 376km, 14ème solo.
Par où commencer ?
Peut-être par l’avant-veille de la course ?
Le jeudi soir donc, où je me découvre des courbatures aux ischio-jambiers alors que j’ai bien pris soin de ne pas m’entrainer trop dur dans la semaine précédant l’épreuve…
Courbatures issues de quoi d’ailleurs ? Je ne le saurais jamais, rien de ce que j’ai pu faire dans la semaine n’était susceptible d’en amener, encore moins à cet endroit ! Bref, il va falloir que je fasse avec mais ça part (fait) mal…
Étant inscrit en solo cette année, j’ai préféré choisir l’hôtel plutôt que le camping, ce qui fera le plus grand bien à mes deux accompagnatrices (Véronique et Emma) ainsi qu’à moi-même. J’y passe d’ailleurs une excellente nuit malgré l’appréhension grandissante !
Une fois le petit-déjeuner avalé et la douche prise (la seule du week-end d’ailleurs), il est temps de se diriger tranquillement vers le circuit, il est aux environs de 10h30. Mais c’était sans compter sur un nouveau coup du sort :
la voiture, qui fonctionnait parfaitement jusque-là, cale toute seule quelques secondes après le démarrage…
Et rien n’y fait, on a beau pousser, profiter d’une descente ou quoi ou qu’est-ce, elle cale systématiquement au bout de quelques secondes. Un passant nous aide gentiment à la mettre sur le trottoir puis vient le partage des tâches : l’une s’occupe de contacter l’assurance (il faudra bien rentrer du Mans), l’autre décharge ce qui sera vital à ma course et je m’occupe d’appeler un taxi afin de rejoindre le circuit.
En effet, attendre le dépanneur et son verdict pour savoir si notre déplacement sera pris en compte par l’assurance est relativement risqué, même si les qualifications ne commencent qu’à 14h, il est déjà 11h30 et il faut aussi qu’on déjeune avant la course !
Pendant ce temps, une résidente du coin nous proposera gentiment des pinces crocodiles, mais la batterie étant fonctionnelle et la panne venant d’ailleurs, l’on déclinera poliment.
Sur ces entre-faits, la personne habitant juste en face de l’endroit où est parquée la voiture vient nous voir et, après lui avoir exposée la situation, nous propose gentiment de nous emmener si il y a besoin. Zut, trop tard, le taxi arrive… Merci quand même !
Emma et moi grimpons donc à son bord pour filer au circuit Bugatti pendant que Véronique reste afin de régler tous les détails avec l’assurance, le dépanneur, etc…
Chargés comme des mulets, on rejoint péniblement notre lieu de restauration (la cantine prévue par l’organisation) à midi pile ! Non, j’exagère. On arrivera avant et on patientera un peu avant de manger mais au moins, on est à l’intérieur du circuit. Il est temps de souffler, d’autant plus que nous étions passés la veille retirer le dossard, les accès paddocks et les réservations de repas.
Bien nous en a pris vu l’heure à laquelle nous sommes arrivés ce matin !
13h : l’ouverture de l’accès aux paddocks se fait dans une belle petite cohue, au vu du monde présent, ça se bouscule au portillon. Direction le box n°1 ! On s’installe, peu confortablement, les chaises étant restés dans la voiture…
Et il n’y a plus qu’à attendre 14h et les qualifications qui déterminent la position de départ sur la grille. Même si je cours en solo, je souhaite faire ce 300m dans les règles de l’art. Étant « vitesseux » de base, c’est irrésistible ! Après m’être fait accrocher le dossard dans le dos et avoir mis ma puce, je m’aligne donc sur la première série qui partira. Tant mieux me dis-je, ça me laissera presque deux heures pour souffler avant le départ.
Le sifflet retentit et je m’arrache de l’immobilité comme une brute avec ce patinage « à plat », hérité de la pratique des lames (Short Track). Plus ou moins 35 secondes à pleine vitesse jusqu’à la ligne d’arrivée où le speaker relèvera le passage du « premier bourguignon à franchir la ligne », la concurrence est effectivement restée loin derrière sur ce coup-là !
Je me dirige alors vers mon box, le plus loin de la ligne d’ailleurs, l’esprit tranquille car débarrassé de cette première phase. J’aperçois Véronique, arrivée entre temps, qui finit de ramener et d’installer le matériel manquant. Je m’affale par terre en levant les yeux vers l’écran pour chercher ma « performance » et me rends compte que l’écran est éteint, et que je suis trop petit pour atteindre les boutons…
Je prends mon mal en patience et je squatte un box voisin pour scruter le classement provisoire qui défile : rien n’y fait, j’ai beau attendre et lire deux fois l’intégralité de ce qui défile, je n’y suis pas. Allons bon, qu’est ce qui se passe encore !? Je vais voir les juges (tout de blanc vêtus) afin de savoir la marche à suivre. On m’explique alors que les temps des premières séries n’ont pas été enregistrés et qu’à l’annonce de notre numéro il faudra repasser…
Je bouillonne intérieurement, je n’ai pas envie d’attendre et de repasser trop tardivement car j’aimerais bien que les lactates ne soient plus là lors de mon départ (et il faut 1h30 de récupération passive pour cela). 1007, c’est bon, on m’appelle, et c’est repartit pour un tour !
J’abats ça vite fait, bien fait et je retourne squatter l’écran. Allumé cette fois, mais pas sur le bon canal… Bref, après un long moment et ne me voyant toujours pas (sur l’écran des voisins), je retourne voir les juges en craignant pour ma puce. Ce faisant, je croise le dernier à partir sur 300m, qui n’est autre qu’un ami à moi (Quentin), que je n’avais pas croisé depuis plusieurs mois !
On se salue joyeusement et rapidement puis il part sur sa qualification pendant que j’expose, derechef, mon problème aux juges. Finalement, ma puce fonctionne bien et l’on me signale que je serais 14ème sur la grille avec un temps en 35 secondes et des poussières. Bigre, 10 secondes de plus et on obtient ma performance sur 500m en Short Track…
Ça y est, c’est fait, il ne reste plus qu’à attendre qu’il soit 16h désormais.
A 15h50 je pars m’installer sur la grille et positionne mes patins de l’autre côté de la piste (départ classique oblige). Je discute alors avec Pierrot, coéquipier (et entraineur au club de roller) lors de mes précédentes participations en catégorie prestige (à 10). Je croise également Thibaut (issu du même club de Short Track que moi, mais bien meilleur), ici pour jouer la gagne avec Longchamp Roller en équipe prestige.
Trêves de bavardages, plus que quelques dizaines de secondes… La sirène retentit et la course est lancée ! Étant solo, je prends mon temps pour lacer et expérimente de nouveaux lacets auto-bloquants pour cette épreuve. Ils s’avèrent qu’ils ne bougeront pas d’un millimètre une fois serrés !
Et c’est partit : n’ayant ni cardiofréquencemètre, ni montre (et la flemme de calculer mes temps au tour avec l’horloge du circuit), je me contente de suivre le meilleur rythme possible en patinant debout afin de préserver mon dos (pas encore remis d’une blessure vieille de 3 ans).
Mon staff prends soin de moi et me fournit toute les 90 minutes de quoi manger et boire, un grand merci à elles !
Je fais également en sorte d’être à l’abri du vent en suivant d’autres patineurs ayant un rythme similaire au mien. Mention spéciale au duo homme vainqueur de cette édition (du PUC) qui m’aura drafté pendant de très longues heures. Jusqu’à ce que je fasse une mini-pause (pipi et enfilage d’une sous-couche car il fait froid à partir de minuit ici, brrrr…). Je repars alors (en 2ème position dans ma catégorie) et navigue un peu seul sur quelques tours jusqu’à ce que deux dossards rouges (les solos) me passent devant. J’emboîte immédiatement leurs pas et découvre en discutant avec eux (Igor et Nico) que nous formons un trio avec les trois premiers du classement provisoire (avec déjà un ou deux tours d’écarts ente chacun de nous) !
Je vais rester avec ce groupe pendant deux ou trois heures, les relais s’enchaînent bien même si je les sens un peu frileux dans la descente et qu’ils ne croisent jamais dans les virages (même ceux du « bon » côté). Malheureusement, au bout d’un moment, la douleur au dos tant redoutée se fait sentir et m’impose de lever le pied…
Je quitte alors leur roues et c’est l’équipe entreprise PSA qui va alors se donner comme mission de me drafter pendant ces heures sombres (au propre comme au figuré). Et ça fait du bien. Mine de rien, être solo au Mans reste difficilement racontable, en partie cette particularité qu’on les gens de se couper en quatre pour notre catégorie. Mais il en est un de cette équipe qu’il n’aurait pas fallu couper justement, son incroyable stature avait le don de couper l’intégralité du vent et me permettait de faire certaines lignes droite (faux-plats descendants) sans faire la moindre foulée, c’était grisant !
Cela n’a cependant fait que retarder l’inévitable et vers 3h15, j’ai également lâché ce groupe pour naviguer à nouveau seul. Pas tout à fait seul à vrai dire, puisque la douleur se faisait une joie de m’accompagner et de ne pas me lâcher, elle aussi. Je n’ai même pas pu « m’accrocher » comme il m’a été proposé par un autre patineur me dépassant alors…
Devant l’accroissement grandissant de la douleur et de mes temps au tour (j’ai calculé pour confronter sensations et réalité) j’ai alors arrêté à 4h du matin, endolori.
Après la pose d’un patch anesthésiant dans le dos et un bon sommeil de 3h, j’ai rouvert les yeux pour découvrir le petit matin… Et la pluie (pas le crachin de la veille) ! Ça m’a quelque peu découragé de repartir de suite, n’ayant pas envie de me prendre une gamelle en plus des souffrances déjà présentes. Point positif cependant : pas d’ampoules, pas de douleurs musculaires ou articulaires, rien. Juste l’entésopathie, qui mine mon moral encore plus que la pluie à bien y penser.
Mon staff me pousse alors à repartir dès que possible car j’ai perdu peu de places pendant cette coupure mais je prends la décision de ne repartir que quand ce sera sec pour faire la fin. Car l’ambiance y est unique, sur ce circuit, et je ne raterai ça pour rien au monde.
Du-coup il faut meubler en attendant, je vais donc petit-déjeuner avec mon staff, discute un peu avec mes compagnons de box tels que R’glod et Babass, les pratiquants solo de longboard ou encore celle qui finira 5 ou 6ème solo femme sous le nom "être handicapée, et alors ?" (sourde, muette, avec une scoliose prononcée et le bras gauche atrophié ; mais ce serait réducteur de la définir avec ces termes seuls car c'est également une forcenée au caractère bien trempé qui n'a jamais rien lâché) !
J’en profite aussi pour monter le Dunlop à pied coté spectateur pour montrer à mes accompagnatrices à quel point ça grimpe. Une fois là-haut j’encourage Thibaut (Longchamp) qui passe comme un missile ou encore Fabien et Christophe (RSDB), au rupteur.
Je retourne ensuite passer le temps au box et ne repartirai qu’à 14h, pour les deux dernières heures. Je suis alors 20ème dans ma catégorie.
La route est sèche, il reste deux heures, je sais que je n’ai pas atteint l’objectif fixé et j’envoie tout ce qu’il me reste d’énergie pour me faire plaisir. Je patine vite et bien, en préservant toujours mon dos pour les derniers tours, dépasse Igor (1er solo) et Nico (2ème solo) que je félicite pour leurs performances respectives et encourage à tenir, vais aux nouvelles du duo du PUC lorsque je les dépasse et les félicite également de leur première place. Je reçois moi-même des encouragements de ci de là, et ça me fait du bien. J’en profite également pour rouler avec mon équipe des années précédentes (RSDB ; merci à Guy, Xavier, Justine, Anne…) et ne mettrait le turbo que pour les derniers tours : à partir de 15h45, lorsque les relais ne sont plus permis pour les équipiers.
Une fois les chevaux lâchés, je profite de ces sensations incroyables que peut offrir la vitesse sur ce circuit (surtout en 3x125mm) ainsi que de l’ambiance toujours exceptionnelle une fois 16h atteint, lorsque bon nombre de gens sont aux abord du circuit pour encourager tous ceux qui sont dans leur dernière « ligne droite » !
C’est juste, magique.
Je tiens à remercier ici tout ceux et celles qui m’ont encouragé et soutenu, par la parole, les gestes ou encore par l’intermédiaire du patinage ; que ce soit sur le circuit ou en-dehors.
Je vous aime tous !
Pour les curieux : 376km, 14ème solo.