04 Mars 2018 (Dimanche)
Les 6 heures de Salbris 2018
5eme, 120 km (20 kmh !!)
mais au moins je suis allé jusqu'au bout et je n'ai jamais chuté…
Liste des 21 solo Hommes:
DOMI DE BOURGES
PEPERE SOLO
CLEM FU SOLO
JOJO SOLO
NIPON NI MAUVAIS
SPIDEY PIERAU
GOSSIPSKATE DANY
GOSSIPSKATE SESSEM
GOSSIPSKATE XAV
LOUIS SOLO SILA TEAM
PUC ROULAGE PEOPLE SOLO
STEPHANE PUC SOLO
ANTOINE JACQUIER
SEB TOUT SEUL
GUI GUI
SANGLIER76
NARS
NART BRUNO
LOLO SOLO
GREGO SOLO
R GLOD
Le week-end qui précède les 6h de Salbris, c’est un grand ciel bleu et un froid glacial, avec du vent. Sachant que j’ai l’épreuve la semaine suivante, je me contente de 140 km. Si j’avais su comment ça allait se passer, je pense que j’en aurais fait 2 fois plus !
La semaine qui précède les 6h de Salbris, nous connaissons une vague de froid sibérien qui s’abat sur le Nord-Est.
Aussi je me repose et n’effectue aucune sortie pendant cette semaine, si ce n’est mes petits trajets urbains quotidiens de 6 km.
Bizarrement en fin de semaine je me retrouve avec des douleurs dorsales, des contractions musculaires assez douloureuses.
La pluie est prévue pour Salbris, alors je m’équipe en conséquence : roues MPC Black Magic 125 X-Firm, K-way, mais short, car la météo annonce que la pluie devrait cesser vers 13h pour faire place à du soleil et 10°C.
Avec Sanglier, c’est le départ samedi à 13h en voiture de location, et on roule 4h30 jusqu’en Sologne.
On laisse derrière nous une Moselle enneigée en train de fondre par +2°C, pour arriver en forêt de Sologne en fin d’après-midi, par 10°C avec un joli soleil.
Nuit à l’hôtel dans Vierzon, tout est calme et reposant.
Le jour se lève sous une pluie incessante, par 5°C.
Rencontre avec Kat Seulette et son mari qui ont dormi dans le même hôtel.
Arrivée sur le circuit de karting de Salbris, à 20 minutes de là, à 8h30 et toujours sous la pluie.
Il fait froid, tout le monde se prépare, ça caille et ça mouille.
Claude Viltard se pointe, jovial, il me dit : “On va se les geler !” Simon Thillay est là aussi, on se salue. Il pense que je vais partir à fond, mais moi je ne me sens vraiment pas à l’aise du tout…
Rencontre avec Fabien Caron (FC Ours) qui depuis quelques années délaisse quelque peu la descente pour se consacrer davantage à la vitesse…
Stéphane est là aussi, quant à Bankowski, il semble attendre la dernière minute pour apparaître.
Les autres, je ne les connais pas, sauf bien sûr Domi le Solo qui a fait le déplacement (c’est juste à côté de chez lui) avec sa fille, qui va courageusement rouler sous la pluie.
Une des particularités de ce circuit, c’est que le tracé des solos est différent de celui des équipes.
En effet, dans la zone des relais, il y a une petite montée que les équipes empruntent, là où se trouvent les paddocks qui les abritent, ainsi que le satf de l’organisation, avec les ordinateurs et la sono.
Tandis que nous, solos, continuons tout droit en restant sur la piste.
De ce fait, nous, solos, n’entendons pas ce qui est dit au micro là-haut, et nous ne savons pas quel est l’état du classement alors que nous tournons sous la pluie et sur le gratton.
Car c’est du gratton. On est en bordure d’autoroute et de voie de chemin de fer. De temps en temps un train passe et ça fait du bruit, derrière une haie d’arbres dépourvus de feuilles en cette fin d’hiver.
Et ça a été de la pluie de 10h à 14h30 (4h30 de pluie non-stop) par 5°C, avec vent de 20 à 40 kmh forcissant sur la fin.
Un sol trempé et gras.
Gratton (sauf 1 portion de 50 mètres lisse) (L'orga prétendait que le circuit avait été refait, ce que tous les patineurs sur place ont pu démentir)
À moins qu'il ne s’agisse de ce ridicule patch refait sur 50 m (même pas, 30 m ?) qui lui effectivement était lisse.
Virages en épingle à cheveux, ou très serrés, car c’est un circuit de Kart (avec des allures de mini-golf)
Le sol est sale, gras, huileux, avec des morceaux de gomme de pneus de kart, plus quelques gravillons.
Au bout d’une heure, j’ai d'intenses douleurs dorsales, complètement contracté, tétanisé), douleurs aussi fessier gauche, jambe gauche, en fait j’ai mal partout.
Chaque virage (et il n’y a en fait que des virages) est une souffrance. Pour rester debout, je fais de la patinette dans les virages, car je n’arrive pas à croiser dans ces conditions.
Mes roues, toutes MPC Black Magic qu’elles soient, n’accrochent pas. Le sol est mouillé, gras, accidenté.
Les chutes se succèdent, pas pour moi, car j’y vais tellement prudemment !…
Sanglier76 chute lourdement au bout d’1h40 (sa platine s’était dévissée !)
Souvent sur les circuits de 6h quand on rate un virage, on peut se rattraper en roulant sur un trottoir, ou au pire dans l’herbe.
Là, pas question : les bordures sont faites de gravier et de boue. C’est le stress permanent.
RGlod disparait rapidement des écrans, abandon. Simon, qui filait bon train avec Louis Bankowski, Stéphane, Joseph, et un autre gars dont j’ai oublié le nom, disparait lui aussi, au bout de plus de 3 heures de course.
La population s’amenuise, et je me dis que je n’ai pas le droit d’abandonner. Alors, malgré la douleur et le froid, je continue d’enchainer les tours.
Je sens que mes mes intestins sont en train de me jouer un sale tour. Passage obligé aux toilettes, situées au fond de la buvette, bien loin du circuit. Je perds ainsi 10 min.
Même les longboards font des chutes. Ça graisse salement au sol. J’ai les jambes noires de crasse collante.
Je me sens bien seul.
Je ne pourrais pas terminer cette histoire sans saluer l’aide de Domi le solo, qui, vers 1h30 avant la fin, me rattrape.
Il m’explique modestement qu’il essaye de mettre un tour à un de ses collègues, ce qui m’amuse assez ! Il me propose de m’abriter derrière lui, ce que j’accepte avec reconnaissance.
Je reste ainsi derrière Domi pendant 4 ou 5 tours, jusqu’à ce que mes forces reviennent.
Puis alors que je me sens mieux, c’est moi qui passe devant et on met 1 tour au collègue ! Et comme il y a un effet “ligne d’arrivée”, qui atténue les douleurs, je propose alors à Domi de mettre encore un autre tour au collègue.
On roule alors assez fort, du moins du plus fort que je peux, et on colle un 2eme tour au collègue à Domi. Je le laisse alors avec son groupe et continue seul devant.
C’est je pense le seul moment positif de cette course… Salut à toi, Domi de Bourges !
On a tourné pendant 5h sous la pluie sans aucun photographe, aucun témoin, complètement largués tandis que de là haut aux stands nous parvenaient quelques éclats de rires, de voix que les hauts parleurs diffusaient, vaguement dissipés par le vent charriant cette pluie incessante.
Car les stands sont uniquement pour les relais d'équipe, les solos ne passent pas par là haut, ils restent sur la piste.
Enfin vers 14h30, la pluie se calme, le soleil tente de percer les nuages mais le circuit reste trempé.
Je suis gelé, ça fait 5 heures que ma mâchoire tremble, que mon dos irradie et se contacte, que mes pieds sont trempés et glacés.
Ainsi donc à la faveur de ce timide soleil apparaissent 1 ou 2 photographes, venus immortaliser la course.
Voici le lien FB de ces photos :
Les photos de la course:
https://www.facebook.com/pg/roller.oliv ... 6355323069
99% de ces photos ont été prises à partir de 15h, alors que la pluie avait cessé. Pour moi, elles ne sont pas représentatives de l'enfer qu'on a vécu …
16 heures enfin, je peux arrêter les frais.
Mon genou gauche a un point douloureux sur le dessus du cartilage (comme si je me l'étais cogné).
Douleurs tendons malléoles, dos en compote, fessier gauche douloureux…
La veille il faisait beau, j'aurais pu rouler, et ensuite lundi, beau aussi.
C'était un contre-entrainement. Se reposer 1 semaine pour ça…
C’est incroyablement difficile de me mouvoir, mais je dois encore ramasser mes affaires, et aller me doucher (au bar du circuit). Manque de bol, sous la douche, l’eau refuse de dépasser le “tiède’, hésite, puis devient carrément froide.
Ben voilà, c’est simple, maintenant c’est une douche glacée. Tout en tremblant de tout mon corps, je lutte pour faire disparaître cette crasse noire et huileuse collée à mes jambes en frottant fort à l’éponge, au savon et à l’eau froide.
Épreuve ultime mais indispensable afin de tirer un trait définitif sur cette course.
Enfin je parviens à sortir de là propre et habillé chaudement.
Je dois encore démonter mes roulements pour les placer dans un flacon de white spirit prévu à cet effet, afin de les sauver.
Un gros nettoyage et un gros rangement m’attendent une fois rentré.
Sanglier conduit. Sa chute lui a contusionné une fesse, mais il arrive à gérer. Heureusement qu’il est là. Je suis sonné, j’arrive à peine à formuler des phrases.
Mes yeux veulent se fermer tandis que la route défile, cap à l’Est, et qu’à l’Ouest les dernières lueurs du jour disparaissent derrière nous.
Salbris n’est pas prêt de me revoir !